[...]“Malgré les Prussiens qui invoquaient des arguments atroces à l’appui de leur sinistre interprétation du droit des gens, l’idée de l’organisation des corps francs eut un tel succès que le ministre de la guerre dut adresser, le 11 octobre, ce rapport au Gouvernement de la défense nationale :

   Depuis l’ouverture de la campagne contre la Prusse, un grand nombre de corps francs, dus à l’initiative individuelle, ont été levées à paris et dans ses environs.

   Le Gouvernement leur a prêté son concours en donnant des commissions aux officiers, et des armes et des munitions aux hommes de troupe.

   Quelques corps francs ont même reçu, à titre exceptionnel, des objets d’équipement, des subsides, etc.

   Le nombre de ces corps suffit aujourd’hui à tous les besoins du service, et il y aurait de sérieux inconvénients à en augmenter le nombre, et à distraire de la garde nationale de l’armée des hommes qui y ont leur place marquée naturellement.

    Le moment est donc venu de régler définitivement l’organisation de ses corps ; j’ai, en conséquence, l’honneur de proposer au gouvernement de la défense nationale d’adopter les propositions contenues dans le projet de décret ci-joint :

    Art. 1er. Les corps francs existant en ce moment à paris et dont l’organisation a été autorisée, seront maintenus en activité pendant tout le temps de la durée de la guerre contre la Prusse.

    Art. 2. Chacun de ces corps sera placé sous les ordres d’un commandement militaire.

    Art. 3. Les officiers, sous-officiers, caporaux ou brigadiers, et soldats qui en feront partie, pourront, en vertu d’arrêtés du ministre de la guerre, être traités, sous le rapport de la solde et des vivres, comme la garde nationale mobile.

    Aucune autre allocation, soit en deniers, soit en nature, ne pourra leur être faite par le département de la guerre.

    Art.4. Dans le cas où des bataillons de la garde nationale sédentaire de Paris seraient autorisés à faire des sorties, il ne sera rien changé à la position des officiers, sous-officiers, caporaux ou brigadiers et gardes nationaux de ces compagnies, sous le rapport de la solde et des vivres, c’est-à-dire qu’ils continueraient à être traités exactement comme les autres gardes nationaux sédentaires.

    Art.5. Aussitôt après la promulgation du présent décret, il sera passé une revue d’effectif par un fonctionnaire de l’intendance militaire.

    L’effectif constaté à cette revue ne pourra jamais être dépassé.

    Art.6. il sera délivré de nouvelles commissions à tous les officiers des corps francs par le ministre de la guerre.

    Art.7. Les grades dans les corps francs ne donneront à ceux qui en exercent, ou qui en auront exercé, les fonctions aucun droit à un grade dans l’armée.

    Art.8. Il ne sera plus délivré, à dater de la promulgation de ce décret, aucune autorisation de lever des corps francs.

    Art.9. Le ministre de la guerre est chargé de l’exécution du présent décret.


    Le Gouvernement approuva purement et simplement ce décret, en conformité duquel l’intendance passa une revue d’effectif qui permit de reconnaître officiellement les corps francs d’infanterie dont les noms suivent :

Volontaires de la Seine (3e et 4e bataillons). Commandant Lafon.

Légion des volontaires de la France. Commandant Cailloué.

Francs-tireurs de la presse. Commandant Roland.

Francs-tireurs des Ternes. Commandant De Vertus.

Francs-tireurs de la ville de Paris. Commandant Chaboud-Mollard.

Francs-tireurs de l’Aisne. Commandant Dollé.

Francs-tireurs des Lilas. Commandant  Thomas-Anquetil.

Francs-tireurs sédentaires. Commandant Deschamps.

Francs-tireurs de la Gironde. Commandant Cavasso.

Tirailleurs parisiens. Commandant Lavigne.

Tirailleurs de la Seine. Commandant Dumas.

Tirailleurs-éclaireurs parisiens. Commandant Féry d’Esclands.

Légion des amis de la France. Commandant Van der Meer.

Corps civique des carabiniers parisiens. Commandant  Perreli.

Chasseurs de Neuilly. Commandant Didion.

Bataillon d’éclaireurs de la garde nationale. Commandant de Joinville.

Volontaires de la défense nationale. Commandant Paira.

Guérilla de l’Île de France. Commandants André Peri

Bataillon des gardes mobiles de 1848 -       -           -

Eclaireurs de la garde nationale de la seine. Commandant Valette.


Il y eut encore d’autres corps francs d’infanterie qui, bine que n’ayant pas passé la revue d’effectif prévue par le décret du 11 octobre, furent néanmoins reconnus par le département de la guerre. En voici la liste :

Tirailleurs de Saint-Hubert. Comandant Thomas.

Corps des agents et gardes forestiers. Commandant Carraud.

Corps franc de la Cie de L’Est (pompiers armés) Commandant De Sappel.

Légion bretonne. Commandant Domalain.

Francs-tireurs alsaciens. Commandants Braun.

Francs-tireurs de Saint-Germain. Commandants De Richemont de Richardson.

Corps franc de Rouen. Commandant Desseaux (Gaston).

Corps franc de Seine-et-Marne. Commandant Liénard.

Corps franc de Saint-Denis et Neuilly. Commandants Blanchard et Sageret.

Corps franc du Haut-Rhin. Commandant Dolfus.

Corps franc des Vosges. Commandant Dumont.

Compagnie des gardes forestiers de la couronne. Commandant de La Panouse”.

 (Texte extrait de  « l’Histoire de la défense de Paris en 1870-71 » par le Major H. de Sarrepont édité par la librairie militaire de J. Dumaine à Paris en 1872).


















Un franc-tireur d’Alsace et un franc-tireur des Vosges.


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